"PETIT FLORILEGE DE CARTES POSTALES DES PAOLINIENS EN VACANCES.
Eté 2023"
1.
"Une peinture, c’est comme un paysage, un souvenir, une scène de la vie quotidienne...."
Le géographe, Johannes Vermeer (Städel Museum Frankfurt am Main)
Une
peinture, c’est comme un paysage, un souvenir, une scène de la vie
quotidienne. C’est une toile sur laquelle nous peignons l’histoire
que nous souhaitons nous raconter. C’est ainsi que chacun y
trouvera sa lecture, son sens, sa vérité.
Combien
de personnes se sont penchées sur cette œuvre, le
géographe
de Vermeer, exposée au Musée Städel de Francfort ? Quel
nombre de récits pourrait-on compulser si, par magie, nous arrivions
à rassembler en un même lieu et en un temps unique tous leurs
auteurs ?
Il
en est ainsi des vérités : elles souffrent de leur époque,
des conditions géographiques de leur exposition, de la subjectivité
de celui qui les énonce, de la vision du monde de ceux qui les
reçoivent. Voici ce que Vermeer dans son œuvre pourrait nous
expliquer d’après moi.
Le
géographe y trace des plans, bien aidé par tous les outils de la
science disponibles à cette époque et représentés sur la toile :
le compas, le globe terrestre, une carte affichée au mur et on
devine une éventuelle équerre posée sur un coffre.
Quelle
concentration chez cet homme. Quelle érudition se dégage de lui.
Pour moi, c’est l’allégorie du progrès, des sciences, de
l’évolution, des Lumières. Vermeer, maître ES perspective, sait
rendre si vivants les intérieurs et les Hommes. Il semble nous
souffler à l’oreille : « vous avez les outils, vous
pouvez tenter de comprendre le Monde, comme mon personnage ».
Peu
importe le nom que ce dernier porte ou bien ses origines sociales,
bien que celles-ci ne fassent que peu de doute, à cette époque où
ne pas mourir de faim était la préoccupation première du plus
grand nombre. Et vu la somptuosité de la pièce d’étoffe (à
grand renfort de bleu et d’or) qui nous est offerte au premier
plan. Là encore, Vermeer nous offre à lire une histoire romancée.
La recherche de la vérité, serait l’apanage des nobles, des
bourgeois, des hommes de biens ? La
laitière
n’est-elle qu’une laitière ? La
dentellière
qu’une dentellière ? L’astronome,
qu’un astronome ? Aurions-nous autant d’attrait pour ces
personnages parfait (voir par exemple l’hypnotisante Jeune
fille à la perle)
s’ils se révélaient sous les traits et les environnements de
Bosch ou d’un primitif allemand ? Ils sont beaux, riches et
attrayants pour attirer le regard, comme sur Instagram. Mais
peut-être à la différence de ce dernier exemple, Vermeer ici
attire notre regard sur les instruments de la connaissance. Il passe
le message : « la vérité n’est pas apparue ex nihilo ;
elle n’apparaît que grâce au travail de l’Homme ».
Ce
message paraît renforcé par les parchemins qui traînent à terre
et que l’on imagine emplis de lignes d’érudits ou bien dessinés
d’anciennes cartes, considérées comme obsolètes. Le géographe
recalcule, il digère les connaissances acquises pour en fournir de
nouvelles ou tout du moins des idées modifiées.
Sous ses outils, la
connaissance est relative, elle n’est et ne devrait jamais être
figée. Et comment ne pas se complaire dans cet immobilisme néfaste
et cette paresse intellectuelle ? Encore une fois, Vermeer nous
donne une piste : où regarde le peintre ? Il tourne son
regard vers la lumière, qui traverse sa fenêtre. Lumière qui
illumine la pièce et ses décors, lumière qui inonde mais qui
obscurcie également.
"Le géographe regarde dehors, car il sait que
l’enfermement est funeste. Parce que seuls ses outils et les mots
des anciens ne sauraient lui ouvrir la voie de la vérité. Seul
l’extérieur, la nature, le monde, les Hommes peuvent fournir le
matériau de réflexion nécessaire à toute connaissance."
On sent
presque dans ce regard vers l’extérieur un besoin inextinguible
d’aller voir hors de cabinet étriqué. Aussi bien pour puiser la
source de la réflexion neuve mais aussi colporter la bonne parole
des découvertes. Pourquoi garder pour soit ce qui pourrait servir
aux autres ?
Bref,
voilà la carte postale été 2023 d’un maçon en Allemagne.
Allemagne oblige, je me demande quelle histoire aurait lu en 1933 un
national socialiste : la future conquête du monde, le calcul de
la perfection de la race, le futur du monde ?
L’interprétation
d’une œuvre résulte de la projection de son observateur, de son
contexte spatio-temporel d’existence. Si comme beaucoup le pense,
l’Histoire n’est écrite que par les vainqueurs, peut-être ma
lecture de cette œuvre en serait différente si le monde avait
évolué de manière différente après 1945.
Le 14 août 2023,
Horb am Neckar, Bade-Wurtemberg (Allemagne)
Laurent.
***
2.
"Le Grand, le Haut, et la Meije."
Vu ma taille, il arrive que l 'on me trouve grand.
Nourri par Cyrano , je réponds hélas! Je ne suis que haut.
Contemplant la Meije, du haut d'une montagne qui la touche, je comprends pourquoi les hommes depuis toujours ont voulu aller sur ce pic, je comprends aussi pourquoi ce géant sera le dernier sommet Français conquis en 1877.
Presque un siècle après le Mont Blanc.
Son ascension est réservé à une élite,
dont je ne fais pas partie.
Devant lui, je ne suis ni grand ni haut,
il me remets à ma vrai place.
Je suis, Tout petit, tout petit, tout petit …
Richard
***
3.
"C'est ce soir là que Benoît croisera le regard la jeune Mary,..."
Bordeaux connaît son apogée jusqu'à la Révolution Française. Sa prospérité provient principalement de son port, qui deviendra le 1er port du royaume.
La place va susciter la convoitise des riches familles de négociants de toute l' Europe.
En 1732, la ville devient une des capitales européennes des Lumières.
La Franc-maçonnerie bordelaise commence à se développer avec la création par 3 marins britanniques et irlandais de la ou une des premières Loge maritime
.Oh...Mercure! Dieu du commerce et du voyage et si Bordeaux était ta Loge de prédilection ?!
En avril 1808, Bordeaux accueille pour la première fois Napoléon 1er.
L' Empereur arriva dans une atmosphère de fête, des festivités ont été organisées en son honneur.
A ses côté nous retrouvons Benoît faisant partie de la Garde Impériale. Il tomba littéralement sous le charme de la cité antique et de ses habitants.
Profitant d' une permission du soir, il flâna sur les quais de la Garonne. C'est ce soir là que Benoît croisera le regard la jeune Mary, fille d'un Franc-maçon irlandais, Vénérable Maître de sa Loge.
..Les chemins de Mary et Benoît sont maintenant unis et scellés par un amour éternel.....
Jean Luc.
***
4.
"De beaucoup de maisons, du four allumé, se dégageait la fumée et l’odeur du pain, on enfournait ces boules de pâtes, rondes comme des seins qu’on aurait envie de caresser."
Le pain source de partage et d’amitié.
Cherche, et tu trouveras, observe autour de toi, prends le temps de
contempler ce que les anciens t’ont laissé, les vestiges du passé.
Au détour d’un sentier, je suis tombé sur ces pierres disposées, alors
une histoire m’était contée.
La moisson, celle du blé.
Cette aire de battage en forme de cercle où l’on séparait le bon grain
de l’ivraie.
Fallait il la deviner, car cachée par les fourrés je pouvais à peine la
distinguer Meule pour la farine de blé, ainsi que la châtaigne.
De beaucoup de maisons, du four allumé, se dégageait la fumée et
l’odeur du pain, on enfournait ces boules de pâtes, rondes comme des
seins qu’on aurait envie de caresser.
Four d’une maison au hameau d'Ortiporio
Le village tout entier
participait au travail de ce pain si sacré, au
milieu de chaque tablée, c’était le partage et l’amitié, il ne fallait pas
le couper, trop de miettes tomberaient , de leurs mains calleuses qui
travaillaient les champs ils le rompaient.
Four de la maison
le four de ma maison , je le rénoverai, et je demanderai aux anciens de
m’apprendre à faire le pain
***
5.
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Ajouté par les rédacteurs du blog.
« Prophète, m’écriai-je, hôte de malheur ! Oiseau ou démon, prophète pourtant sous forme d’oiseau, que tu sois un envoyé du Tentateur, ou que la tempête te pousse, tourmenté mais non effrayé, vers ma solitude ensorcelée, — vers mon foyer hanté par les Terreurs, n’importe ! — Dis-moi franchement, je l’implore, — est-il un baume pour ma souffrance ! Réponds, réponds, je t’en supplie. »
Le corbeau répéta : « Jamais plus ! »
« Nager dans les eaux troubles des lendemains… »,
le chaos c’est le vide infini, le gouffre, les enfers…
« si je dois tomber de haut, que ma chute soit lente »…
« Rallumer les étoiles »
Sans vouloir offenser les mémoires de Napoléon III ou Léon Blum, cet été je n’ai pas pris de congés
payés.
Difficile de vous envoyer une carte postale exotique alors que je n’ai pas dépassé les frontières
maralpines.
Mais l’exercice étant libre, j’ai décidé de vous raconter (un peu rassurez-vous) mes concerts
de Mylène Farmer.
C’était le 08 juillet au Vélodrome à Marseille et le 29 à l’Allianz Riviera de Nice.
J’avais mes places en poche depuis Octobre 2021.
Et comme le dit un proverbe africain « Au bout de
la patience, il y a le ciel ». Celui d’un « grand soir », l’immense, le beau.
Photo 1 (crédit photo Charly Vandevoorde)
Au-delà de la légèreté de certains textes et de l’image d’artiste de variété morbide, Mylène Farmer
chante la douleur, fait danser la mélancolie, dénonce l’intolérable et crie (c’est une image) la liberté, sa
liberté.
Rare dans les médias, par pudeur ou calcul marketing, Mylène Farmer l’est aussi sur scène. Cet
été l’artiste se produisait seulement pour sa 8ième tournée en 40 ans de carrière.
Pour ce spectacle, l’artiste et son équipe ont convoqué le plumage brillant, le long bec effilé, les serres
du grand corbeau.
Sur l’affiche déjà où la chanteuse est visible dans l’œil du volatile. Puis sur scène à
plusieurs reprises.
L’oiseau de mauvais augure aux multiples symboles est ici l’élément central de cette
création.
Il en est le fil conducteur.
La tournée portant le nom de « Nevermore », j’ai pensé au poème d’Edgar Allan Poe (à qui elle avait
dédié une chanson en 1988 : « Allan ») : « The Raven ».
Dans ce poème, le corbeau répète
inlassablement au narrateur « Jamais plus », « Nevermore ».
D’autres plus pessimistes y verront peut-être l’annonce discrète d’une fin de carrière.
Que ce soit par le décor ou les projections qui accompagnent les chansons, tout rappelle le romantisme
noir auquel la chanteuse a souvent été associée.
En premier lieu avec le dispositif scénique. En son
centre, l'arc de l'entrée d'une cathédrale, avec gargouilles (formées par des corbeaux) ; sur les côtés,
en un plan horizontal, des faisceaux de colonnades avec des ouvertures de vitraux, des rosaces; et,
au-dessus de la scène, une même structure inclinée. Cela donne l'impression d'être à la fois à l'extérieur
et à l'intérieur de l'édifice religieux, de ne pas avoir de repères dans l'espace.
« As above, so below »… et ce n’est pas sans raison que les médias parlent souvent de « messe », de
Communion entre Mylène Farmer et son public.
Elle arrive à créer l’intimité dans cette immensité.
Ce décor (je n’oserai pas le « digne des bâtisseurs de cathédrales ») a été conçu en Italie. Il nécessite
5 jours de montage et plus de 500 techniciens.
Photo 2 ET 2 BIS (ces photos et les suivantes sont les miennes)
« Ordo ab chao »
Dans son spectacle précédent Mylène Farmer disparaissait dans les flammes en chantant
« L’Horloge » de Charles Baudelaire.
Cette année lorsque les lumières du stade s’éteignent, un écran géant laisse apparaitre un ciel chargé,
on distingue au loin une nuée sombre et mouvante qui au fur et à mesure que la caméra se rapproche
se révèle être faite de milliers de corbeaux.
La nuée s’étend progressivement et envahit également les
deux écrans placés de chaque côté de la scène. Elle reprend ensuite sa forme initiale, accompagnée
de bruits sourds et menaçants, puis la caméra plonge en son cœur.
Une rythmique se fait désormais
entendre, sur laquelle résonnent des sons synthétiques stridents (et non ce n’est pas sa voix !).
Alors que la caméra prend du recul, on se rend compte que la nuée semble happée de façon
« concentrique » par une force venant du sol… c’est-à-dire de la scène.
C’est à ce moment que le public
est aveuglé par une rangée de spots blancs disposés tout du long de la scène principale. Au même
instant se met à résonner le premier couplet de
« Du temps ». Comme appelés par cette voix, sur le
thème musical qui suit, les oiseaux sont aspirés par un vortex à la base duquel apparait soudainement
Mylène, surgissant de sous la scène vêtue d’un ensemble noir et coiffée d’un long catogan. Héroïne de
Stanley Kubrick, elle évoquera plus tard
« Les oiseaux » d’Hitchcock : un portique se retrouve peu à
peu envahi de corbeaux, rappelant une scène du film.
Photo 3 et Photo 4 : portique
Les tableaux s’enchainent et le public voit défiler des décennies de tubes. Chaque titre porte son
message.
Avec « Rêver » Mylène Farmer parle de tolérance, d’humanité.
« A force d’ignorer la tolérance, nous
ne marcherons plus ensemble ».
Appel à l’humilité et la prudence aussi lorsqu’une silhouette imposante trône au milieu de la scène.
Inquiétante statue sans visage, ce tableau pourrait symboliser la grande faucheuse, ou le poids de la
religion sur nos sociétés qu’elle dénonce par ailleurs dans d’autres titres.
Photos 5 et 6
PHOTO 6 :
Création intitulée "The King in Yellow" (en référence au recueil de nouvelles de l'écrivain
américain
Robert W. Chambers publié en 1895)
Lorsque retentissent les premières notes de l’hymne « Désenchantée », le stade s’embrase.
« Tout est Chaos »…
le chaos est « une sorte d’océan primaire contenant toutes choses » comme le
décrit Edgard Poe en 1848 dans « Eurêka », un siècle avant la théorie du Big Bang.
« Nager dans les eaux troubles des lendemains… », le chaos c’est le vide infini, le gouffre, les enfers…
« si je dois tomber de haut, que ma chute soit lente »…
La chute de l’ange déchu pour une artiste qui
ne semble pas prête à tomber.
L’autre fil conducteur du spectacle c’est la poésie. Egard Poe mais aussi Emily Dickinson dans « Que
je devienne », Stefan Zweig, on encore Apollinaire avec « Rallumer les étoiles ».
Dans ce morceau
la chanteuse commence d’ailleurs par
« Compter les heures, l’eau est rare,
Et descendre au plus profond de soi
L’édifice est solide, je le vois…
…Accueillir dans ses entrailles, ses failles »
Un appel au voyage introspectif comme souvent dans son œuvre.
A la fin du spectacle Mylène se dirige vers le fond de la scène où une cabine apparait. Elle pénètre à
l’intérieur puis les portes se referment. La cabine commence à s’élever vers les arcs-boutants dans une
colonne de lumière en même temps qu’elle semble se remplir d’une fumée vaporeuse au centre de
laquelle la silhouette de la chanteuse reste visible. Lorsque la cabine est au plus haut, la fumée se
dissipe... et Mylène se désintègre subitement pour donner naissance à une nuée de corbeaux (encore
eux) qui se disperse sur l’écran géant du fond de scène.
L’écran principal se referme petit à petit,
affichant lui aussi la nuée d’oiseaux alors que des épouvantails au crane de corbeaux situés le long de
l’avancée s’élèvent de plusieurs mètres de haut, éclairés d’une lumière blanche. Lorsque l’écran est
reconstitué pour masquer la scène, le stade est baigné d’une lumière rouge et « Nevermore » s’affiche,
comme avant que le spectacle ne commence.
Passionné depuis l’enfance par l’univers de cette chanteuse, j’ai souvent cherché les références
littéraires et artistiques distillées dans son œuvre. C’était la première fois que je voyais la chanteuse
avec un œil nouveau.
Et cette œuvre m’apparait comme encore plus riche.
Architecture, poésie, symboles… j’ai tenté en quelques lignes d’expliquer ce que m’a évoqué ce
spectacle. Quant au bonheur qu’il m’a procuré, impossible de le développer. Ce serait presque (!) un
secret d’initié.
Photo 7 ET 8
Frédéric
Frederic.
***
J'ai trouvé mon île au trésor. Je l'ai trouvée dans mon monde intérieur, dans mes rencontres, dans mon travail. Passer ma vie avec un monde imaginaire a été mon île au trésor
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