Pascal Paoli Humaniste et Franc Maçon.
Note des rédacteurs du blog.
Le
texte qui vous est présenté , résume l’essentiel de l’engagement de Pascal
Paoli, et donne un profil du personnage intéressant pour ceux qui ne le connaissent pas.
Ce
texte est issu du web, mais hélas nous ne connaissons pas son rédacteur, qui
soit t’il, nous le remercions pour son travail concis, mais non moins de qualité
et très pédagogique.
Courrier de la Grande Loge Unie d'Angleterre
attestant l’appartenance de Pascal Paoli à la Franc Maçonnerie.
Cliquer dessus pour agrandir.
Pascal Paoli et la Constitution pour la Corse de 1755
En 1730,
s'achève la domination qu'a exercée Gênes sur la Corse en continu depuis 1570.
Commence alors la Révolution corse qui durera 40 ans jusqu'à la prise de
possession de la Corse par la France, à qui Gênes la cèdera.
C'est une
insurrection paysanne en réaction à l'impôt qui lance le mouvement, mais elle
s'explique également par d'autres raisons: la faiblesse et la corruption d'une
justice qui ne parvient pas à régler le problème des neuf cents crimes de sang
annuels et le despotisme dédaigneux des autorités gênoises. Cette insurrection
éclate dans une société divisée en intérêts économiques divergents : la
paysannerie, les notables ruraux, les marchands et hommes d'affaires des villes
qui profitent du relatif dynamisme commercial de Gênes, le clergé lui-même
partagé entre évêques gênois et prêtres des paroisses plus proches du peuple et
qui apportent souvent leur soutien à la révolution. Les insurgés eux-mêmes sont
divisés, en clans rivaux et en clivages régionaux, le Nord et le Sud, l'en-deça
des monts et l'au-delà des monts.
Les
choix politiques sont également à la mesure de la division des individus,
partagés entre l'indépendance, la recherche de la protection d'un prince
étranger et l'obtention de concessions auprès de Gênes.
Ces
déchirements expliquent que les Corses n'aient pu finalement dans cette même
période se débarrasser de l'occupant qui restera peu ou prou présent, au moins
dans les ports fortifiés. Ce qu'on appelle la révolution corse, est en fait un
temps troublé: « De temps à autre, les belligérants reçurent des appuis
étrangers. Les Gênois, de l'empereur Charles VI (1731-1732). ensuite de la
France, à partir de 1738, de manière intermittente, jusqu'à ce qu'ils eurent
cédé leurs droits sur la Corse à Louis XV en 1768. Les insurgés bénéficient
d'interventions de la part de l'Angleterre, de la Sardaigne et de l'Autriche
lors de la guerre de la succession d'Autriche. » (Dorothy Carrington, ouvrage
cité en fin d'article, p. 39).
Les insurgés avaient tenté de légiférer une
première fois en 1735 : le pouvoir était confié à trois généraux (dont le père
de Pascal Paoli), qui vont s'appuyer sur des assemblées populaires souvent
réunies entre 1739 et 1750 au point qu'on a pu parler de fornle de gouvernement
parlementaire. Il faut attendre l'assassinat d'un des chefs de la révolte,
Gaffori, pour qu'on voie enfin apparaître Pascal Paoli.
Qui est-il?
C'est le fils de Hiacynthe, cité plus haut; celui-ci s'est réfugié avec son
fils à Naples en 1739. Pascal Paoli y servira dans un régiment dont son père
sera le colonel. Lorsqu'il est appelé par les insurgés pour succéder à Gaffori,
il a trente ans. En juillet 1755, il est élu général. Il réunit en Novembre
1755 une assemblée qui va débattre de l'organisation politique future de la
Corse; il rédige le rapport final; c'est ce rapport que l'on appellera la
Constitution de 1755.
Qu'est-ce
que cette constitution qui a été considérée comme la première constitution
démocratique au monde? Quel est son contenu? c'est un document de 9 pages qui,
plus qu'une constitution au sens contemporain du terme, apparaît comme un texte
évolutif, définissant quelques principes de gouvernement, mais qui reste très
bref. Paoli et sa constitution ont bénéficié au XVlII ème siècle d'une
réputation extraordinaire, ils sont ensuite tombés quelque peu dans l'oubli,
occultés par une constitution qui aura une plus grande aura, celle des
Etats-Unis.
)
Cette constitution pose un principe
nouveau : le droit des peuples, le peuple est la seule source légitime du
pouvoir. La souveraineté populaire est affirmée dans les premières phrases du
texte : « La diète générale du peuple de Corse, légitimement maître de
lui-même...».
La liberté est considérée comme un droit
naturel « ... ayant reconquis sa liberté... »
La nation est entendue comme peuple souverain «
... voulant donner à son gouvernement une forme durable et permanente en la
transformant en une Constitution propre à assurer la félicité de la nation. »
A la tête de l'Etat, le général de la nation
qui s'appuie sur des assemblées.
Un conseil d'état de 142 membres élus,
soumis à la rotation des fonctions, organisé en trois chambres, la première
chargée des affaires politiques, la deuxième de la guerre, la troisième des
affaires économiques. Il a un rôle exécutif.
Une diète générale, qui reçoit la
reddition de comptes du général et des fonctionnaires. Ses membres sont élus au
suffrage universel. Elle constitue le pouvoir législatif, c'est une assemblée
indépendante où ne siège pas le général de la nation, Pascal Paoli. Elle édicte
les lois, fixe l'impôt. Elle « possède un pouvoir de censure et de destitution
à l'égard de n'importe quel membre de l'exécutif, Paoli y compris»
Un tribunal élu, trois juges et un
chancelier. Son travail sera relayé dans les régions par un juge dans chacune
de celles-ci. Les honoraires de ceux-ci sont précisés. Quant aux lois sur
lesquelles ils s'appuient, elles sont très dures (afin d'en finir avec la
vendetta, la « justice» familiale). C'est le pouvoir judiciaire.
La Constitution précise également, dans le cadre de
la défense du pays, que les capitaines et
lieutenants d'armes
seront changés chaque année.
A la
lecture de ce texte, on peut considérer comme certaine l'influence de
Montesquieu, en particulier dans la séparation des pouvoirs, mais aussi dans
les pouvoirs étendus que s'est réservés Paoli en tant que général de la Nation:
en effet, « les Lumières », que Paoli a connues dans son séjour napolitain et
par ses contacts maçonniques, ont été influencées par les théoriciens de la
Cité dans l'Antiquité, Platon, Plutarque, les stoïciens, qui ont mis au cœur de
leur pensée politique le thème du « roi philosophe ». Mais, à côté de ces
influences philosophiques, il y a une tradition propre à la Corse, d'élections
dans les communes, même sous la domination gênoise. L'intermède royal lui-même
de quelques mois avec Théodore de Neuhoff, couronné en avril 1736, est fondé
sur l'élection autour du roi.
Ce texte
est novateur. 11 s'accompagne de pratiques positives liée aux Lumières: le
droit de vote, entre autres, fondé sur l'âge exclusivement, et accorde à tous.
quelle que soit la confession, ce qui permettait aux juifs de voter, mesure
originale dans l'Europe de l'époque. L'enseignement est gratuit, une université
est créée à Corte. Paoli a donc mis en place une remarquable structure
étatique. Son œuvre a impressionné l'Europe de l'époque, comme en témoignent
les marques de sympathie adressées par de nombreux chefs d'état comme
l'électeur de Saxe ou Catherine de Russie.
Toutefois
l'histoire ne se confond pas avec la géographie. A y regarder de plus près, le
thème de la division des pouvoirs, dans la Constitution de 1755, présentée
comme un modèle d'équilibre constitutionnel est mis à mal au sein du Conseil
d'état, où se mêlent pouvoir exécutif et judiciaire. La démocratie corse,
mythique, connaît en fait des dérives où apparaissent manipulations électorales
et mesures autoritaires, qui s'expliquent tant par les divisions évoquées plus
haut que par la personnalité même de Paoli.
La figure
de celui-ci paraît tout compte fait très contrastée: chef d'état démocrate
adoré par la nation ou chef d'état aux tendances aristocratiques et
despotiques? Il a, semble-t-il, bien essayé de faire régner l'égalité et la
liberté, mais il ne pouvait gouverner ni avec les notables (hostiles aux réformistes)
ni sans les notables (qui lui apportent moyens et clientèles), Paoli était
conduit à subir le poids des traditions: le contexte local reste très fort.
Il
n'empêche, l'Histoire, dans une parenthèse de 49 ans d'indépendance relative, a
voulu en faire, à tort ou à raison, le père des constitutions démocratiques.
L'aristocrate écossais James Boswell et J.1. Rousseau ne contribueront pas peu
à cette réputation.
L'expérience
politique d'une constitution corse, si imparfaite soit-elle avec ses luttes
d'intérêts et ses incohérences ponctuelles, s'arrêtera le 9 mars 1769 avec la
défaite de Ponte Novu, la Corse passant sous le contrôle de la monarchie
française. Paoli s'embarquait pour l'Angleterre ... mais là commence une autre
histoire.
---
Bibliographie.
sommaire:
- La constitution de Pascal Paoli, /755.
Préface de lM. Arrighi. Traduction, notes,
commentaire et analyse: Dorothy Carrington. La Marge. Ajaccio 1966.
- Pasquale Paoli, Corse des lumières, M Bartoli
Réédition 1999, préface (avec bibliographie
récente) de G.x. Culioli
GÉNÉALOGIE
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Si vous voulez lire la constitution de Pascal Paoli, cliquer sur le lien ci-dessous.
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