Fuir le vice, pratiquer la vertu...


Note des rédacteurs du blog.
Le titre implique une évidence "fuir le vice, pratiquer la vertu", la clarté du titre ne ménage en rien le développement de la pensée exprimée par le rédacteur. 

Il constate et affirme :
"Avec le temps les paroles vices et vertus ont acquis pour nous une connotation de morale religieuse sanctionnant nos agissements les plus intimes ainsi que des banals excès de comportements de notre vie quotidienne Devant être conforme à la croyance et au dogme, étant liée à l'interdiction et générant de la culpabilité les concepts de vice et vertu en ont été complètement dénaturés. , "

     Allégorie de la vertu.

Antonio Allegri da Correggio, dit Il Correggio, en français Le Corrège, né à Correggio, aux alentours de 1489, et mort le 5 mars 1534 dans la même ville, est l’un des grands peintres de la Renaissance de l'école de Parme.

En écrivant cette planche sur les vices et la vertu et en tenant compte de ce que je vois, de ce que j'entends, dans le monde que nous vivons, j'ai eu l'étrange sensation de décrire des concepts irréels, totalement inintelligibles à notre société profane parce qu'ils appartiennent à une époque pour l'instant révolue. 

Fuir le vice pratiquer la vertu, j'ai toujours eu beaucoup d'intérêt à essayer de comprendre l'histoire des hommes, surtout celle de la vaste période de l'antiquité. 

Pendant plus de 30 ans , avec la patience d'un détective, et uniquement pour mon plaisir intellectuel, j'ai lu, enquêté, recherché, comparé les sources, j'ai tenté de démêler les mythes et les légendes, d'identifier les fausses informations et les manipulations politiques et religieuses et, à défaut de trouver l'impossible vérité , j'ai essayé d'établir au moins ce qui me semblait faux. 

Car dans l'histoire si tout n'est pas forcement faux en réalité rien n'est vrai… 

Un jour, en lisant Sénèque,  je suis tombé sur un raisonnement banal, que je n'avais jamais fait. Il expliquait qu'au fond passer du temps à cataloguer chronologiquement les événements de l'histoire des hommes est pour ceux qui le font, une perte de temps, car le passé des hommes, n'est pas différent du présent et que, globalement, depuis la nuit des temps, tous les hommes vivent ont vécu et vivrons à peu prés la même histoire, parce que le caractère de l'homme ne change pas. 

En Bref, les mêmes causes provocant les mêmes effets , il suffirait d'inventorier les défauts et qualités des hommes, pour anticiper et prévoir quelle sera leur histoire et, même pouvoir imaginer ce qu' elle a été. 

Le fait est, en y réfléchissant un peu, qu'il y a dans l'histoire de l'humanité, quelque soit l'époque, quelque soit l'événement, des fils conducteurs, des constantes, de mêmes chemins, empruntés sans cesse par les hommes qui ont influencé, construit, commandé, géré notre monde, ce sont : l'égoïsme, le désir effréné du pouvoir et l'obsession de se constituer par tout les moyens une richesse sans fin.  Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! 

Mais où sont donc les hommes vertueux et sages ? Je les ai cherché à travers les siècles au cours de mes lectures mais je ne les ai trouvé que dans les légendes et les mythes. 

Certes il y a eu aussi des philosophes, des poètes, des musiciens, des artistes, des chercheurs, des médecins, des rêveurs en tout genre, mais même si parfois, ils ont eu de l'influence, ils n'ont pas concrètement  par eux-mêmes , déterminé les destinées du monde. 

Certains penseurs, sans jamais se soucier de montrer l'exemple, ont périodiquement essayé de changer tout cela, ils ont dépensé leur énergie pour imposer -souvent dans la violence leurs systèmes de gouvernance , pour réorganiser, à leur manière, la vie des hommes en créant des doctrines, des partis, mouvements, associations, syndicats, religions etc. Ils ont agit comme si les problèmes de l'homme ne dépendaient pas de lui-même et de la rectitude de son comportement individuel, mais devait être régulé, guidé, imposé collectivement par un mécanisme extérieur et étranger à lui. 

Lorsque l'on parcoure notre histoire on peut identifier les caractéristiques singulières des hommes qui ont présidé

depuis toujours, aux destinées du monde : mensonge, intempérance, cupidité, hypocrisie, orgueil, colère etc.. il ne vous échappera pas que ces mots identifient des vices c'est à dire comme les qualifie le Larousse "un ensemble de pratique du mal" 

Oui, ce sont les vices qui guident et ont guidé majoritairement la destinée du monde. le mot vice appel à l'esprit le mot vertu simplement parce que la vertu est exactement le contraire du vice ! 

Mais que sont donc les vices et les vertus ? Les idées et concepts de vices et vertus se perdent dans l'histoire de l'homme . Toutes les cultures les ont, a un moment ou un autre, identifié de manières similaires. 

Chez les occidentaux, ce sont les grecs et les romains qui ont le plus philosophé sur le vice et la vertu sans d'ailleurs jamais réussir à se mettre d'accord pour donner une définition exacte et universelle, ni de l'un ni de l'autre, concluant, pour les résumer, que quelque part les vertus étaient" le se comporter bien d'abord pour soi même " donc par conséquence aussi pour les autres et les vices étaient "le se comporter mal" avec le même effet sur le propre entourage. 

Il n'y a pas dans les philosophies anciennes d'échelle de valeur qui établisse de la gratitude pour la vertu ou de la culpabilité pour le vice, les écoles de philosophies appelaient à comportement de responsabilité individuelle raisonnée et non à une action collective doctrinale imposée. 

Postérieurement, en occident, la religion, suivant de très anciennes influences moyen-orientales, a transformé la pratique des vertus en "bonnes actions" et les vices en "péchés" avec à la clef, d'un coté les récompenses extrêmes , comme la béatification et le paradis dans une vie ultérieure et de l'autre, les punitions terraines et la damnation post mortem, Sans oublier le purgatoire, sorte de salle d'attente, no mans land des comportements inclassables.

 Il faut remarquer que, nonobstant les combats très différents pour promouvoir la vertu mené par les écoles philosophiques qui ont appelé à l'usage de la raison et, celui porté de l'avant par les religions qui elles, ont mis en œuvre tout un arsenal de coercitions terraines et post mortem, les hommes responsables des destinés des nations ne sont devenus ni plus vertueux ni meilleurs. 

Avec le temps les paroles vices et vertus ont acquis pour nous une connotation de morale religieuse sanctionnant nos agissements les plus intimes ainsi que des banals excès de comportements de notre vie quotidienne Devant être conforme à la croyance et au dogme, étant liée à l'interdiction et générant de la culpabilité les concepts de vice et vertu en ont été complètement dénaturés. , 

En combattant les idées cléricales et la religion la société s'est- au cours des 3 derniers siècles- de par la même débarrassée de la morale vertueuse sans jamais réussir à en rétablir la vrai substance, qui est indispensable aux hommes pour vivre ensembles. Il y a pourtant une exception car en lisant nos textes les plus anciens on se rend compte que la Franc maçonnerie n'a elle, pas abandonné, bien au contraire, l'idée que la vertu était la clef de voute d'une vie heureuse et de l'harmonie sociale de l'homme. 

Minerve chassant le vice.

Andrea Mantegna, né vers 1431 à Isola di Carturo et mort le  à Mantoue, est un graveur et peintre italien de la Première Renaissance

"Fuir le vice et pratiquer la vertu ", nous avons tous prononcé cette formule du livret d'apprenti, mais que se cache derrière cette phrase ? au vu de ce que je vous ai dit plus haut, vices et vertus ne reflètent pas dans nos têtes la même signification, mais leur compréhension est fondamentale car toute la Franc-maçonnerie repose en partie sur la correcte compréhension et utilisation ces mots 

Nos outils, nos constitutions, nos textes, nos règlements, nos rituels se référent tous directement ou symboliquement à la pratique de la vertu . Dans le livret de l'apprenti qui est celui de notre premier contact et contrat moral avec la franc maçonnerie mais est aussi et, pour toujours, celui de tous les degrés dans lesquels l'on trouve à toutes les pages et dans tous les paragraphes, nombre de mots qui sont tous en rapport ou des dérivés de la pratique de la vertu. 

Sagesse, vérité, virtuosité, justice, équitable, loyal, sincère, constance.  

Nos textes vont jusqu'à nous imposer la condition de nos fréquentations, il nous faut "n'être amis des riches ou des pauvres que si il sont vertueux", Cela peut sembler un incompréhensible acte d'intolérance, mais les anciens pensaient avec raison, que la vertu était tellement difficile à mettre en œuvre, que la fréquentation d'individus qui trempaient dans le vice, pouvait altérer la constance et l'énergie de l'effort personnel. 

Chez nous, la référence à la vertu est partout, la condition est parfaitement claire : pour être un Franc-maçon il faut irrémédiablement être vertueux, pas de vertu pas de Franc-maçon quelque soit les degrés …Celsius ou Fahrenheit… que l'on aura atteint. , 

Mais qu'entend-on par vertus ? je me limiterai à rappeler qu' il ya 4 vertus appelées cardinales car elles englobent toutes les autres, Le courage, la prudence, La tempérance, La justice, arriver à s'imprégner complètement de toutes les vertus en les intégrant à son caractère n'est pas chose facile et, demande un travail sur soi intense et assidu mais la pratique de la vertu peut prendre des formes simples et efficaces, que nous pouvons mettre en œuvre quotidiennement au dehors, au travail, en famille , sans autre difficulté que de le vouloir. 

Cicéron les appelait les 12 petites vertus et ce sont : l’affabilité, la discrétion, la bonhomie, la franchise, la loyauté, la gratitude, la prévenance, la mesure, la placidité, la constance, la générosité et l’urbanité, être citadin à l'époque de Cicéron signifiait encore quelque chose et urbanité voulait dire civilité, courtoisie et politesse, 

En citant ces 12 vertus Cicéron précisait: "on a peine à croire à quel point la courtoisie et l’affabilité de la langue agissent sur les cœurs. L’affabilité d’un langage familier que tout le monde puisse comprendre sans qu’on hausse le ton, un propos conciliant et bienveillant contribuent grandement à toutes les vertus, car il n’est pas de vertu si l’on n’y joint la mansuétude et l’affabilité." Et la fraternité ?! 

Oui, effectivement où est le mot Fraternité dans la liste des vertus ? On ne le trouve pas parce que la Fraternité n'est que le résultat de la pratique intégrale des vertus. Le courage dans l'approche de l'autre, la tempérance dans le rapport avec lui, la prudence qui maitrise toute la démarche car elle est la science des choses à faire et à ne pas faire, et la justice qui permet de donner à chacun ce qui lui est du. 

Dans l'antiquité la Fraternité était définit comme le comportement le plus difficile a accomplir parce qu' il demandait d'abord d'avoir atteint un haut nivaux de virtuosité Je parle ici de la Fraternité vertueuse qui ne peut être le résultat que d'une démarche active et raisonnée. je la différencie de la Fraternité de cœur que nous vivons en famille, avec nos amis ainsi que dans notre Loge où l'habitude de nous fréquenter, la ressemblance de nos démarches, font que nous ressentions une certaine amitié que nous définissons comme fraternelle . Personnellement je pense que la notre est ,surtout, une camaraderie qui vient du cœur. Mais l'amour est un élan du cœur extrêmement instable et fragile, le cœur ne fait pas bon ménage avec la raison. , 

Pour être universelle la Fraternité doit ,au contraire, être une action raisonnée , stable, constante, persévérante et pour cela il faut qu'elle fasse abstraction de l'émotion et l'amour dans tout cela ? une action Fraternelle qui nait de la vertu raisonnée peut avec le temps générer de l'amour, et il ne s'agit pas dans mon propos d'abandonner cette fraternité née de nos élans d'amour et d'amitié envers nos prochains pour n'utiliser que la raison, il ne s'agit que de savoir les différencier pour mieux les gérer et les développer. 

Un Frère m'a dit que la franc maçonnerie nous apportait principalement trois choses importantes : L'humanisme, la spiritualité et la fraternité. 

Pour ce qui concerne l'humanisme: je pense, comme d'autres, que c'est une mot devenu un fourretout et qu'il est gangréné par une foule de différentes opinions. 

Pour la spiritualité: lorsqu'elle est individuelle elle reste intimement personnelle, lorsqu'elle est collective elle ne peut qu'être que dogmatique. il reste la Fraternité, la vraie, celle qui nous demande un effort mais nous apporte une récompense qui n'est pas descriptible, un peu comme ne l'est pas le sentiment du devoir accompli, c'est une joie intérieure qui génère de la sérénité. 

La fraternité est la clef du bonheur car les relations humaines restent la première source de bonheur de l'homme . Elle est à mon sens la seule raison, le seul objectif qui justifie l'existence de la Franc Maçonnerie.. "Pour que le mal triomphe il suffit que les hommes de bien ne fassent rien" disait Edmund Burke il y a presque déjà 300 ans.

 Mes Frères sommes nous des hommes de bien? Si nous pensons que oui chacun de nous devra mettre le vice au cachot et sublimer la vertu Seulement alors , la Fraternité pourra sauver notre monde.

          AUTEUR/MANFRED/1518/GLDF


 



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