« Notre époque annonce t-elle l'obsolescence de nos principes ? »  

« Sommes nous au  crépuscule de l'Universel ? »


Préambule,

 Il s'agit de développer deux concepts de sociétés, qui peuvent si on n'en prend pas la mesure devenir antagonistes, soit la modernité encore présente, que nous pratiquons depuis le 18ème siècle avec pour Mentor l'Universalisme, et la post modernité qui s'annonce pour arriver à grands pas. 

Avant d'introduire le texte de ma planche ,  je vous propose une citation de notre frère  Michel Maffesoli, extraite de son livre « l'ère des soulèvements », celle-ci  annonce clairement la fin d'une époque.

Je cite Michel Maffesoli.

« Nous sommes dans une période de transition entre deux époques. L’époque moderne, celle de l’individualisme, du rationalisme, du productivisme, de l’économicisme et l’époque que faute de terme approprié on nomme postmoderne, dont nous discernons peu à peu les grandes structures : tribalisme, nomadisme, hédonisme, présentéisme.

J'en viens maintenant à ma planche et à son titre,

« Notre époque annonce t-elle l'obsolescence de nos principes ? »

« Sommes nous au  crépuscule de l'Universel ? »

Le besoin d'entendre l'histoire indique-t-il la crainte de la perte de notre identité? Avons nous peur? Approchons- nous de l'obsolescence de nos principes et idéaux de modernité?

A travers ces voyages dans le temps , la nostalgie qu'ils provoquent, s'avère révélatrice des maux (m,a,u,x)ontologiques qui structurent nos interrogations sur l'avenir, sommes-nous   nous les francs-maçons, encore détenteurs  des leviers de l’humanisme et de l'universalisme?

Servons-nous encore? Notre message est t'il toujours audible?

La société post moderne qui s'annonce aura t’ elle besoin de nous? Que sera la Franc-Maçonnerie face aux tribus porteuses, du transhumanisme, de la woke  culture , de la non binarité , du racialisme, du décolonialisme, de l'islamisme, du néo féminisme, de l'écriture inclusive, de la laïcité ouverte, du communautarisme, de l'homme augmenté,  de l'antispécisme, du véganisme, du retour du paganisme, de la sobriété, de la fin du jazz et du rock, de l'avènement des khmers verts , du déboulonnages des statues, des brûleurs de livres, etc...bref de l'annonce d'une civilisation à la culture hétérogène soumise à des diktats allogènes , aux antipodes de celle qui nous a constitué et ou la  bien-pensance sera dominatrice voire totalitaire. 

 


Aurons nous suffisamment « d'esprit de romanité » et de résilience pour sauver ce qui mérite d'être sauvé, ou alors la nostalgie révélera des racines ensevelies dans la crypte du romantisme politique, initiatique et symbolique, on se fera peur avec volupté, on rêvera de donner à sa vie l'écume de l'épopée que nous avons lu dans les livres d'histoire , qui mettent en lumière une franc maçonnerie traditionnelle sociétale et de combat, pour cela on occultera les contextes sociétaux d'aujourd'hui, mais nos vies ne ressemblent en rien au film 1900 de Bertolucci, preuve en est de la mélancolie qui nous étreint déjà et, pour y remédier, la franc maçonnerie utilise le Rite qui nous enveloppe dans un  passé désuet archaïque et fondateur, aussi j'invite certains à descendre de leur Rossinante et ne pas se troubler de l'ombre de l'histoire car ils ne se battront que contre l'absurde.

***

La Franc maçonnerie a été porteuse du rêve d'émancipation de l'occident, elle se voulait le glaive des libertés , glaive symbolisé par la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, soutenue pour ce qui nous concerne par la constitution de la GLDF qui

 déclare :

"...La Franc-Maçonnerie a pour but le perfectionnement de l'Humanité.

A cet effet, les Francs-Maçons travaillent à l'amélioration constante de la condition humaine, tant sur le plan spirituel et intellectuel que sur le plan du bien- être matériel...."

C'est le propre même d'un engagement humaniste, mais avec une dimension spirituelle qui n'a pas été oubliée.

"Nous voulons changer le monde, mais pour ce faire, le franc maçon est invité à se perfectionner, à tuer le vieil homme qui est en lui, bref à changer radicalement pour qu'il puisse prétendre changer la société.

La maçonnerie telle que nous la propose la constitution de la G,L,D,F, demande beaucoup de pérégrinations, d'errances et d'engagements sur le chemin maçonnique , comme l'acte initiatique fondateur qui tue le vieil homme en nous, pour faire renaître l’homme nouveau, ce don de soi suscite une nouvelle naissance qui rend possible  le passage du profane, vers le franc maçon, n’est-ce pas cela que résume l’adage de Goethe : « Meurs et deviens » ? adage qui lui transcende l’être humain en tant qu’espèce, parce qu'il est adepte d’une doctrine humaniste, qui sacralise la situation  où l’homme est la mesure de toutes les choses, mais ce rêve est remis en cause par une postmodernité situationniste.....que j'ai évoqué ci dessus et que je vais maintenant approfondir.

***

L’organisation et l’émancipation  sociale ont été voulue par le siècle des lumières,  c'est le siècle des philosophes (Montesquieu, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Denis Diderot, d'Alembert), siècle pendant lequel s'est développée le bien-être humain, ce courant c'est opposé au théocentrisme , où Dieu est le centre de la vie.

L' homme libre tel que l'a définit le 18ème siècle, dont nous assumons l'héritage, accepte que son ciel soit vide de tous dogmatismes, que les traditions sociales et culturelles de son milieu d'origine soient écartées afin de se libérer des contraintes tribales, sociétales, communautaires, historiques claniques religieuses, qui sont par leurs traditions et de Tradition le socle de "l’homo religiosus "comme l'a si bien définit Mircea Eliade.

Je vous laisse mesurer  l’importance de ce paradigme dans l’histoire de notre république laïque, sujet qui nous ont fait mesurer les douleurs de l'engagement, parce que la liberté n’est jamais acquise, elle ne se pérennise pas, elle demande un travail intense, elle exige de nous la construction permanente d’un Temple à sa gloire,  elle est l'ADN de notre culture.

Permettez moi de reprendre  à mon compte la définition qu'en fait le politologue Pascal Perrineau.

Je cite.

« La culture, au sens anthropologique, désigne ce qui équipe les individus de capacités de vivre, de penser et d’agir de façon adaptée au monde qui les environne et qui leur donne des capacités de transformation créatrice d’eux-mêmes et du monde. Par la

 culture, l'individu est doté d’un appareil à penser et se représenter la société, sa place et son rapport à celle-ci, ainsi que les relations des individus entre eux. La culture donne à l’individu la capacité de communication avec son environnement, et, par un travail et des techniques partagés avec d'autres, elle lui permet une intégration sociale. L’être humain cherche l’autre, le groupe, la société pour se réaliser, par construction culturelle, ce qu’il ne peut produire seul étant donné son imperfection». 

Ce rêve est encore le nôtre, il nous encourage dans  notre volonté à concilier les contraires il efface la culture propre à nos racines, pour une culture partagée , voulue et acceptée grâce à  l'Universalisme des lumières .Tout part du principe que toutes relations ancestrales, patriarcales, tribales, claniques, peuvent être une oppression, aussi avons nous supprimé quelques liens afin de nous libérer en tant qu'individu.

***

Pour exister dans la modernité, notre rêve fondateur ne préserve que les liens utiles qu'il souhaite, et aussi longtemps qu’ils sont acceptés : il lisse , au pire il occulte les appartenances pour produire une société de réseaux, où l’individu surfe d’un groupe à l’autre au gré de ses envies . L'individu est sanctifié, il est libre mais souvent ontologiquement seul.

 « Mais il faut ajouter, et c’est peu de le dire que notre modernité vieillit mal : on se demande si elle pourra vieillir tout court, car elle est persuadée que son principe essentiel structurant l’émancipation individuelle, doit pour se développer anéantir au fur et à mesure tous les liens. Or à moyen terme, aucune société sans liens ne saurait déployer l’envie de vivre »

***

Le franc maçon déclare être un homme " libre" pratiquant le rite, mais il est aussi un profane libéral et libertaire adepte du consumérisme,  il est seul avec sa raison, il a rempli son ciel de la déclaration des droits de l'homme, qu'il interprète en se servant des symboles et du Rite comme catalyseurs de sa pensée, mais je le rappelle  cet homme souvent vit  sans soutien religieux ou spirituel, car il a choisit un ciel vide de  sens et de significations pour les spiritualistes les déistes et les  agnostiques, ou de signifiants et de signifiés pour les athées, les sceptiques, les incrédules, etc... 

Il ne s’agit donc ni de demeurer rivé au passé, ni d’inventer un bien hors sol : mais d’avancer dans le sens de ce qui nous a été proposé et construit.

***

C’est là, bien sûr, le contraire de l’universalisme humanitariste postmoderne qui s'annonce, qui lui décline des valeurs sans socle commun, et veut  s'imposer à tous, même aux risque du déni de la démocratie. 

Autrement dit, pendant que l’humanitarisme de la postmodernité,  occupe nos pensées et interpelle nos valeurs, l’humanisme en tant que tel s’éloigne de nous et malgré nous

Que des esprits sérieux se réclamant du postmodernisme, puissent dire que la planète souffre à cause  de l'humanité et qu'elle serait mieux  sans elle, montre bien qu’ils ont perdu le sens de ce que sont les « droits de l’homme » leur exigence est celle d’une simple charité. C’est pourquoi on peut désormais craindre la que la vision occidentale postmoderne ne soit  qu'un projet seulement humanitaire ,autoritaire, alimentaire. 

***

L'individualisme humaniste et libertaire, est aujourd'hui rejeté pour un communautarisme se voulant protecteur et rassurant, où le sujet s'épanouit dans le cadre cultuel et culturel de ses origines, mais souvent son ciel est rempli de croyances obscurantistes, il restreint volontairement sa liberté et oppose à notre humanisme, l'humanitarisme des solidarités tribales, la  liberté individuelle, le libre arbitre sont pour lui  non avenus, voire avilissants et honteux, il souhaite une société régit par les mœurs de ses traditions ethnologiques , coutumières, claniques,  anthropologiques.

Du projet mutualiste fraternel et ouvert qui est le nôtre, il préfère la règle du collectif fermé corporatiste et caporaliste, il accepte que sa liberté soit assujettie au consentement du groupe référent, sans discernement hors de sa tribu.

"Ce qui est mis en avant, ce n’est pas l’individu, mais la participation à quelque chose de collectif ,communautaire et tribal. La matrice de l’être-ensemble est devenue inféconde. 

Je vais encore citer Michel Maffesoli afin d’éclaircir et définir la menace.

"La notion de tribu renvoie à la résurgence de valeurs archaïques – particularismes locaux, chauvinisme, religiosité, syncrétisme, narcissisme de groupe, dont le dénominateur est la dimension communautaire. "


Pour résumer :

Ce que l’on appelle le postmodernisme, c’est ce courant  qui remet en question les grandes valeurs modernes et historiques, l’universalisme, l’individualisme , la subjectivité , le progrès, la raison, etc. C’est un courant communautariste, souvent irrationnel et anti-intellectuel. La raison est taxée de tous les maux, l’inconscient est préféré à la conscience; la pulsion à la raison .



***

L' Occident par sa modernité , a été capable de créer une science comme l’ethnologie, le post modernisme  se sert d’elle pour répandre l’idée que toutes les cultures se valent, ou pire, il passe de l'amour de l'Occident à sa phobie ,  son anticolonialisme se mute en nostalgie tiers-mondiste, et propose comme avenir ce modèle à l’Occident, modèle qui  selon lui, serait sa renaissance… Nous constatons hélas, la démission du jugement, la démission de la pensée, la démission de la raison. 

***

Afin d’éclairer la suite de mon propos, je vais vous citer un extrait du livre   « Transe et réalité virtuelle. L'homo religiosus à l'ère des nouvelles technologies » du psychanalyste et sociologue Frédéric Vincent.

Il écrit,

« L’humanité postmoderne accède au domaine du sacré à partir de ce qu’elle vit à travers les espaces virtuels. » ( là il fait référence aux réseaux sociaux tels que FB ), il continue et dit,  

« Les nouvelles technologies ouvrent une pluralité de mondes virtuels où l’individu peut, à nouveau, s’imprégner totalement de mythes et de symboles magico-religieux. » il ajoute, 

« Le corps lui-même se virtualise et intègre une nouvelle manière d’être dans le monde qui prend sa source dans un imaginaire initiatique vécu en commun. » (il évoque la mode du tatouage, piercing, ethnicisme..) il termine en disant, « À la lumière du vitalisme contemporain, l’on voit renaître l’homo religiosus. » ( là c'est clairement une référence à Mircea Eliade, 

La postmodernité est une modernité culpabilisée, qui lui fait se remettre en question avec ses propres instruments théoriques et culturels .

Vincent Citot.

***

Nous sommes clairement en présence du rejet de l'Occident, notre histoire n'est plus un référent ,on démaille le tissu du récit historique pour le réinterpréter, on refuse toutes chronologies mémorielles , on est  dans le négationnisme de la postmodernité,  de la culture du « bannissement », « de l'annulation », « de l'ostracisme » ,« de l'anéantissement », « de l'effacement », « de la suppression », « du boycott »  » de «  l'humiliation publique », soit de la fameuse « Cancel culture » (pratique  consistant à dénoncer publiquement, en vue de leur mise à l’écart des individus, groupes ou institutions responsables d'actions, comportements ou propos perçus comme problématiques).  associée à la «  Woke culture » (qui veut dire éveillé  en  français, désigne le fait d'être conscient des problèmes liés à la justice sociale et à l'égalité, orienté d'origine sur les problématiques du  racisme )     toutes les deux nous viennent  des états unis,


Une société est donc en train de se constituer sur les ruines de la croyance dans la liberté et le progrès, c’est en ce sens qu’elle est postmoderne.

Elle annonce la fin de la  Modernité, et plus précisément  de « l’esprit du capitalisme » et de son « idéologie mondialiste » qui sont en bout de course. Elle révèle la saturation d’un ensemble de valeurs de plus en plus désuètes. 

Michel Maffesoli 

a fait une définition intéressante qui corrobore celle de Frédéric Vincent.

Pour lui la postmodernité c'est la,

« Synergie de l’archaïsme et du développement technologique."

Il ajoute,

Le mythe du Progrès n’est plus le nec plus ultra. Il est nuancé, complété, corrigé, quand ce n’est pas carrément renié » 

Paradoxalement  au regard de ce que j'ai présenté plus haut concernant les moyens technologiques,  les porteurs de cette postmodernité croient de moins en moins que l’on peut changer le monde et changer leur vie par le progrès et, nous au contraire sentons qu’il faut, s’il en est encore temps, « sauver le monde » ou ce qu’il en reste et « sauver la vie » que le progrès, devenu fou, est en train de tuer.

A un imaginaire moderne (le nôtre) fait de déracinement de l’individu, on oppose un enseignement postmoderne fait de tentatives de ré-enracinement ou l'universalisme est proscrit.

Ce qui fait dire à Michel Maffesoli dans son livre l'ordre des choses.

« C’est ce besoin de réenchantement du monde que les élites instituées ne peuvent ou ne veulent pas entendre. Focalisées qu’elles sont sur le vieil idéal républicain démocratique du « Contrat social » construit sur trois principes intangibles : individualisme, rationalisme et progressisme. Mais le monde change et il y a urgence à penser à la mutation civilisationnelle en cours. Ce qui en appelle à un nouveau « Discours de la méthode ». Ce qui nécessite que l’on sache mettre entre parenthèses nos certitudes intellectuelles : un retrait essentiel par rapport à la « doxa » tout à la fois dominante et totalement déphasée. »

Pour survivre nous devons offrir du sacré à ce monde limité et enfermé qui nous attend, la réponse humaniste telle que nous la connaissons  est terminée, il faudra inventer une nouvelle spiritualité, si possible en altérité avec ces différentes communautés, la franc maçonnerie  universaliste, ancrée dans la mythologie du siècle des lumières va disparaître en tant que telle, sous les coups de boutoirs des tribus de la "woke et cancel culture ", il ne servira à rien de discourir sur notre passé , mais servons nous de l'histoire pour forger une nouvelle mythologie en miroir à ce  qui nous est contée car, il est évident qu'il faudra faire avec cette mutation culturelle et sociétale ou nous disparaîtront, il faudra faire avec!

"Contrairement à une idée reçue, la mythologie ne se réduit pas à une succession de « contes et légendes », de récits d’aventures plus ou moins fantastiques avant tout destinés aux enfants. Elle représente au contraire une tentative grandiose pour apporter des réponses à l’antique question du sens de la vie, de la vie bonne pour les mortels" 

Luc Ferry.

Ce retour en force du sentiment appartenance, caractéristique de la Franc-maçonnerie, est lié au changement d'époque. 

Pour résister à l'indifférenciation et à la mondialisation, lʼHumanité a dû accéder au stade postmoderne de son évolution. L'individu de l'époque moderne (XVIè siècle – XXè siècle) a laissé place à la personne, soluble dans une communauté.

Alors quelle sera la maçonnerie dans l'avenir ? le temps est t-il  venu pour 

le grand aggiornamento ?

Écoutons l'histoire , imprégnons nous des faits qu'elle nous narre mais laissons la nostalgie et ses frustrations aux  aréopages " nobiliaires" du REAA.

« Lorsque le réel n’est plus ce qu’il était, la nostalgie prend tout son sens. Surenchère des mythes d’origine et des signes de réalité. Surenchère de vérité, d’objectivité et d’authenticité secondes. Escalade du vrai, du vécu, résurrection du figuratif là où l’objet et la substance ont disparu. » (Jean Baudrillard .Simulacres et simulations).


***

Mais quant à nous ici bas, il  nous faut réfléchir à l'avenir de la loge bleue , son rituel,  son esprit, sa fraternité,  sa spiritualité, cette merveille, cette beauté, qui nous a été donné par l'engagement d'hommes éclairés  qui nous ont chargé  de la transmission de ses principes et de la pérennisation de ses 3 premiers grades, il faut  sauver ce qui peut être, sauvé, car comme les Grecs ont eu besoin de Sparte à la bataille des Thermopyles, elle a besoin de nous pour sauver la liberté qu'elle seule défend vraiment

***

Notre recrutement se fera auprès des profanes issus de diverses société  qui vivent avec leur proches , ils ont comme  bagages  leur culture allogène, alors pourrons nous longtemps défendre l'universalisme face aux divers communautarismes? Pourrons nous appliquer dans l'avenir cette  démarche symbolique et fondatrice  qui est “la conciliation des contraires ”dont nous sommes si fiers? Faut -il opposer le sacré au religieux? Devons nous privilégier

l’altérité à la fraternité ? Changer ou disparaître ?

A titre personnel je crois et j'en suis triste, que cette mutation sociétale fera le bonheur des maçonneries dites traditionnelles, ésotériques, déistes, rigoristes, formalistes, nobiliaires adeptes de « la « théâtrocratie », qui est le propre de ceux que Platon nomme dans le mythe de la Caverne, « les montreurs de marionnettes » (République, VII). Ce sont les maîtres de la parole, faisant voir des merveilles aux prisonniers enchaînés au fond d’une caverne. » , soit des maçonneries sectaires, ou il y a peu de place pour la fraternité , ou les principes universels de notre constitution n'existent pas, mais existera encore et je l’espère  notre loge avec son esprit éclairé, libre et fraternel.

***

Je ne peux conclure, car force est de constater que la situation que j'ai décrite demande une grande réflexion collective,  le débat doit être impérativement mené par les plus jeunes d'entre nous, alors mes jeunes frères sortez vos têtes des sables de l'histoire , laissez la nostalgie aux anciens, prenez en charge l'avenir avec assurance et fermeté, ayez de l'avance et de l'intelligence sur la mutation de notre civilisation , sur le « monde d’après » qui arrive. 

Nous les boomers, mondialistes, enfants du capitalisme et acteurs du consumérisme avons perdu la bataille de l’universalisme, mais je suis certain que vous les trentenaires, les quadras, les quinquas, vous gagneraient la bataille de de la nouvelle maçonnerie au regard de la société postmoderne, l'altérité et l’interculturalité seront le ciment de ce nouveau Temple, ou sinon tout ne sera que cendres, 

alors,,,comme l’aurait dit Kipling,

Il y aura encore Bola Nath, le comptable,

Saül, le juif d’Aden,
Din Mohamed, du bureau du cadastre,
Le sieur Chucherbutty,
Amir Singh le Sikh,
Et Castro, des ateliers de réparation,
Le Catholique romain.

/...

Dehors, on se dira : « Sergent, Monsieur, Salut, Salam ».
Dedans ça sera : » Mon frère « , et ça sera très bien ainsi.
Nous nous réunirons sur le niveau et nous nous quitterons sur l’équerre.
Moi, je serai second diacre dans cette Loge-mère, là-bas !

Quant à moi je vais depuis nos colonnes contempler,  les comédiens des  théâtres irréels,  exécuter sous un ciel d’étoiles des scénettes désuètes mais d'une incroyable beauté situées dans  l’Éther, soit entre le sublime et l’absurde. 

N’entre pas docilement dans cette douce nuit,
Le vieil âge doit gronder, tempêter, au déclin du jour,
Hurler, hurler à l’agonie de la lumière,
Si le sage sentant la fin sait que les ténèbres sont justes,
Car ses mots n’ont point forgé de foudre,
Il n’entre pas docilement dans cette douce nuit,
Hurle, hurle à l’agonie de la lumière.

Dylan Thomas (poème cité dans Interstellar, le film de Chris Nolan)

Pour terminer et à ce sujet, je vais vous citer Albert Camus.

« En maintenant la beauté, nous préparons ce jour de renaissance où la civilisation mettra au centre de sa réflexion, loin des principes formels et des valeurs dégradées de l'histoire, cette vertu vivante qui fonde la commune dignité du monde et de l'homme, et que nous avons maintenant à définir en face d'un monde qui l'insulte. » 

 ( l'homme révolté)

                           A.°.PAV.°.

***

Bibliographie.

Liste des livres et autres ouvrages qui m'ont aidé dans ma recherche.

Le crépuscule de l'universel Chantal Delsol.

Histoire de la franc-maçonnerie française. Ed, Que sais je. Roger Dachez.

Le processus historique de la Modernité et la possibilité de la liberté (universalisme et individualisme) 

Ed.cairn info. Vincent Citot.

Éloge et critique de la modernité. Ed.PUF. Michel Raymond.

Du parcours nomade à l’errance : une figure de l’entre-deux .Université du Québec à Montréal.
Rachel Bouvet .

Mythologie et philosophie. Ed. Plon. Luc Ferry. 

La cohabitation culturelle. Les essentiels d'Hermès. Éd. Du CNRS.

Post modernité et Tribalisme. Michel Maffesoli .éd EMS.

Le temps des tribus ; le déclin de l'individualisme dans les sociétés postmodernes Ed. Table ronde. Michel Maffesoli.

L’ordre des choses : Penser la postmodernité. CNRS Éditions, 2014.Michel Maffesoli. 

Être postmoderne (postface d'Hélène Strohl), Cerf, Coll.Idées, 

L'homme révolté . Ed.Le livre de poche .Albert Camus.

Sur la notion de culture en anthropologie. Ed. Persée. Pascal Perrineau.

Histoire et combats de la maçonnerie dans la commune de Paris. Posts WhatsApp. Jean Luc Potherat.

Simulacres et simulations. Jean Baudrillard .










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