Laurent nous a écrit une carte postale.



 Procès de Nuremberg


Note des rédacteurs du blog: Et si la vérité n'était pas une, mais multiple ? Et si elle n'était pas un absolu à découvrir, mais un miroir qui renvoie nos propres reflets ? C'est l'interrogation qui a guidé ce texte, né de la confrontation entre les faits complexes du procès de Nuremberg et les échos d'une blessure personnelle mal cicatrisée. À travers ces deux expériences, Laurent c'est efforcé de sonder les limites de la vérité, de comprendre comment le temps, les lieux et les émotions la façonnent, et de questionner, finalement, la responsabilité qui nous incombe dans sa recherche et sa transmission.

....."En somme, le texte nous enseigne que la mémoire, qu'elle soit historique ou personnelle, la vérité n'est pas un miroir fidèle du passé. Elle est plutôt un récit en constante réécriture, influencé par les émotions, le pouvoir et les choix éthiques, ce qui la rend aussi complexe et relative que la vérité qu'elle prétend retracer."

La vérité ? La vérité de mon interlocuteur est-elle plus « véritable » que la mienne ?

Le 26 août 2025.

Nuremberg (Allemagne)

LA vérité que nous cherchons tous sans que le Franc-Maçonnerie nous impose de limites se confronte fréquemment à ce que les Hommes et les Sociétés considèrent comme LEURS vérités. Tandis que nous invoquons la Lumière afin qu’elle nous éclaire pour LA découvrir, nous devons faire face aux facteurs qui influencent et biaisent les vérités humaines : temps, lieu, politiques, philosophies, a priori, histoires de vie, émotions …

En visitant le Musée du Procès de Nuremberg, ce qui frappe ce sont les efforts d’explication accomplis par les « alliés » pour faire comprendre leurs vérités sur les crimes jugés en 1946. Certainement pour notamment éviter que le peuple allemand ne revive de nouveau la fameuse humiliation à la suite du règlement de la première guerre mondiale. 

Le soin accordé à la sélection du jury afin de rendre un verdict juste, le choix des avocats pour défendre les accusés, la hauteur de vue du président du tribunal… Un maximum d’éléments étaient rassemblés à mon sens pour que puisse s’exprimer LA vérité. 

Et puis, il y eu le témoignage de l’Amiral Nimitz (Etats-Unis), cité par la défense de l’Amiral Dönitz (Allemagne), qui permis à ce dernier de voir sa responsabilité et donc sa peine réduite à 10 ans de prison. 

L’Amiral Dönitz était accusé d’avoir torpillé pendant la Guerre du Pacifique des navires marchands sans somations. Dans une déclaration sous serment produite par la défense, l’Amiral Nimitz reconnut avoir reçu des ordres similaires et avoir agit en regard. Pour simplifier et au risque de caricaturer, la peine de Dönitz fût réduite parce que Nimitz avait fait pareil. Quant à Nimitz, il ne fût aucunement poursuivi pour sa part. 

La vérité qui nous est donc livrée est qu’à actes similaires, certains se retrouvent du côté des accusés et d’autres non poursuivis. Dans l’accusation de ce procès, on comptait également des jurys d’URSS qui jugèrent les crimes nazis contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, tels que les déportations ou les massacres. 

Quand sont débattues les responsabilités allemandes et soviétiques dans le charnier de 11 000 Polonais à Katyn, la culpabilité des Soviétiques n'est pas établie, celle des Allemands non plus. 

On dit souvent que la vérité historique est celle des vainqueurs… Qu’aurait donné un procès de Nuremberg si l’Allemagne avait vaincu ? Lisant actuellement un recueil des chroniques arabes des croisades, c’est le même sentiment d’inversion de la vérité qui émerge. Celle-ci reflète le regard de celui qui la cherche.

L’année dernière, ma carte postale reflétait un point d’étape dans le voyage introspectif que j’effectue depuis que je suis né à la réflexion. Il se faisait urgent à la suite d’une épreuve douloureuse de séparation, comme le sont toutes les fins de relations qui comptent. 

Je m’interrogeais dans ce texte sur La vérité et ses miroirs, ses illusions, ses faux-semblants. 

 En cet été, la plaie s’est révélée mal refermée, faute de vérité.

Se pose alors la sempiternelle question de la nature de la vérité : selon quel regard les faits relatés doivent-ils être considérés comme La vérité ? La vérité de mon interlocuteur est-elle plus « véritable » que la mienne ? Puis celle de la responsabilité de sa délivrance : doit-on se montrer honnête à tout prix pour rassasier ses propres valeurs et décrire les faits au risque de faire souffrir l’autre ou bien taire les faits en souhaitant apaiser la souffrance de l’autre au mépris de ses valeurs personnelles ?

A se demander finalement si la Franc-Maçonnerie, en nous demandant de nous interroger sur la vérité, ne constitue pas un « laboratoire » au moins orthogonal, voir multiaxial pour nous faire mesurer le poids de la vérité.


Laurent 

Le 26 août 2025.

Nuremberg (Allemagne)



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