Frederic Pal.°.nous a écrit une carte postale.

Note des rédacteurs du blog: Ce texte est une réflexion poétique sur le Pont d’Asfeld à Briançon. L'auteur y aborde son histoire, marquée par des prouesses techniques et un surnom tragique de « Pont du Diable ». Au-delà de ces faits, il y voit une symbolique universelle du passage, de l'union et de l'espoir. Pour l'auteur, qui a grandi dans la région, le pont est une puissante métaphore qui nous invite tous à « bâtir des ponts » entre les hommes et les idées.



Le Pont d’Asfeld, Briançon

"Et sous ces ponts coulent le vide et nos rêves perdus, murmurant à ceux qui osent les toucher." 

Je tends la main vers le vide, et le vide me répond.

Construit entre 1728 et 1731 par l’ingénieur Jacques de Mareschal, disciple de Vauban, le pont d’Asfeld relie la cité fortifiée de Briançon au Fort des Têtes. Long de 55 mètres et suspendu à près de 56 mètres au-dessus de la Durance, il fut salué comme une prouesse technique et un atout stratégique dans la défense des Alpes. 

Mais son histoire s’est assombrie : de nombreux désespérés y ont trouvé la mort, lui valant le surnom de « Pont du Diable ».


Au-delà de cette réputation tragique, le pont d’Asfeld porte une dimension universelle. Dans toutes les traditions, le pont symbolise le passage : il unit ce que tout sépare. Il relie deux mondes, il transcende l’abîme. Dans la pensée maçonnique, franchir le pont, ce pourrait être s’engager dans une voie initiatique : quitter l’ancien pour le nouveau, l’ombre pour la lumière, la matière pour l’esprit. Chaque pierre posée dans son arche devient alors un acte d’union, de fraternité et d’espérance.


Originaire des Hautes-Alpes par mes ancêtres, j’ai grandi au pied de ces montagnes et je passe depuis toujours mes vacances dans ces vallées. Je ne manque jamais de faire un tour dans les fortifications de Briançon, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008.  L’architecture de Vauban m’émeut profondément : elle exprime à la fois la rigueur, la force et la délicatesse dans ses détails, la vision et l’élan. Face au pont d’Asfeld, suspendu entre ciel et précipice, j’ai retrouvé ce week-end une évidence intime et universelle : nous sommes tous appelés à bâtir des ponts. Entre les rives de notre histoire et celles de notre avenir, entre les hommes et leurs idéaux. 

Et sous ces ponts coulent le vide et nos rêves perdus, murmurant à ceux qui osent les toucher. 


Eté 2025.


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